Terre, terre…
6H30, le jour s'est encore levé tôt ce matin et il va
falloir s'habituer à ces journées antillaises où le soir tombe également tôt à
18H30.
Vers 10H00, la Barbade se profile à l'horizon. Nous ne
savons plus si nous sommes encore dans la traversée de l'océan atlantique ou si
notre petite aventure a déjà fait long feu. Nous nous étions habitués à ces
journées rythmées par la longue houle et le vent soutenu, avions pris nos
marques entre repas, siestes et lecture, et, sauf François qui a bien manœuvré
pour éviter les corvées, les quarts de nuit. "Il y a les vivants et les
morts et ceux qui vont en mer" disaient les grecs ; nous étions de ceux-là,
dans un intermédiaire qui était devenu notre monde.
Mais c'est peut-être le contact VHF avec les autorités
maritimes de Bridgetown qui en définitive va symboliquement marquer la
transition.
"In the main harbour" sera la seule réponse à nos
interrogations où nous présenter pour montrer pattes blanches. Nous
comprendrons bientôt que cette indication était bien suffisante puisque seuls
trois paquebots de croisière et un remorqueur séjournent dans ce bassin. Nous allons donc nous
amarrer près de ces géants. Il est 13H45. Nous sommes partis depuis exactement 12 jours. Manu-Atea
semble tout petit près du "Légend of the Seas", construit à
Saint-Nazaire, mais il a fière allure !
Seul le capitaine peut normalement débarquer, l'équipage
devant rester en quarantaine sur le bateau comme le signale le pavillon jaune
hissé dans aux haubans bâbord le signale, mais Marie-Joé s'invite en qualité de
traductrice. Pendant ce temps, Bernard et François observent les croisiéristes
qui vont et viennent entre paquebot et hangars duty-free. Ils comprennent vite
quel est le site le plus photographié de l'île : le panneau sur le quai indiquant
la Barbade devant lequel les touristes viennent consciencieusement poser de
profil de préférence pour bien mettre en évidence la finesse de la taille (!)
et avec ou sans LE sac plastique contenant les achats selon le désir de
revendication de leur statut.
L'équipage à nouveau au complet, nous partons chercher un
mouillage dans Carlisle Bay, non sans avoir récupéré au port de carénage Odile,
la compagne de Bernard, arrivée par avion à Fort de France le 5 février et qui attend
notre arrivée depuis quatre jours à La Barbade. Mouillage, installation, déjeuner…et
sieste.
Nous n'irons à terre qu'aux environs de 17H30 pour rejoindre
le yachting-club local qui propose notamment parmi ses services des douches
gratuites ! Merveilleux moments après ces
douze jours de toilette de chat. Petite bière pour parfaire le bonheur. Retour
dans le centre ville pour récupérer l'annexe et, à l'occasion, manger un petit
morceau. Mais c'est dimanche. Tout est fermé. Nous achèterons un sachet de pain
à une vendeuse de rue et flânerons un peu dans la nouvelle ville près du port,
où fleurissent magasins de luxe et duty-free et, surtout les banques!
N'oublions pas que si Sarko n'avait pas aboli quasiment à lui tout seul les
paradis fiscaux, La Barbade en serait encore un…
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