mercredi 3 octobre 2012

Mercredi 3 octobre


Une journée sans ! Quoique...
Il y ainsi des jours SANS et des jours AVEC, et les jours SANS , il faut bien faire AVEC, disait ma grand-mère !! Aujourd'hui, c'est tout d'abord une journée sans... F qui nous a abandonnés hier soir. Il est bien arrivé à Paris, y a retrouvé les embouteillages, les sandwiches congelés à 5 €, l'amabilité légendaire des parisiens, précise-t-il dans son texto. Est-ce la raison de cette journée SANS ??
C'est vrai qu'on est bien tristes, il nous manque déjà ! On a pensé à lui toute la journée. Sa bonne humeur, son humour caustique, son sens de la dérision, voire de la provocation, ses petites manies... Une cohabitation facile et bien agréable... bien qu'il n'aime pas le chocolat !! François, reviens quand tu veux !
Donc, nous disions une journée SANS. Ça a commencé à Machico dès la fin de matinée par une recherche totalement infructueuse d'un verre sécurit pour la porte du four du bateau cassé pendant notre traversée mémorable vers Madère. Ensuite, courses dans le supermarché Continente, moment toujours très apaisant, d'autant que MJ s'aperçoit une fois la caisse passée qu'elle a oublié trois articles négligemment posés dans un rayon le temps d'en choisir un autre !! Super, il faut refaire toute la file d'attente qui est loin d'être négligeable... Bon, ça se passe bien, un gentil monsieur la laisse passer devant sans qu'elle demande quoique ce soit.
On rentre déjeuner vers 14 h et bien sûr s'offrir le luxe d'une petite sieste ! C'est alors que nous quittons la marina qu'un bruit de moteur dans le port nous arrête... Ce sont nos amis les Rousse qui arrivent de Porto Santo ! Bref échange et on reprend notre magnifique C1 (eh! Oui. On se se refuse rien...) pour tenter une nouvelle fois de trouver l'endroit où l'on voudra bien nous recharger notre bouteille de camping gaz, ce qui n'est pas si simple ici.
Chez Corama près du grand garage Mercédès et des Bombeiros tout d'abord qu'on a bien du mal à trouver dans Funchal, c'est possible mais pas avant lundi. On nous envoie en plein centre ville où la circulation est des plus denses à cette heure-là chez Indutora rua 31 de Janeiro, proche du centre commercial Europe. Et, gagné, MJ revient avec une bouteille pleine entre les véhicules bloqués dans l'avenue !
Direction Calheta pour prendre quelques renseignements sur la marina, des fois que... on pourrait y laisser Manu Atea quelque temps cet hiver, histoire de rentrer vous rendre visite... Dégoûtés par les tarifs, nous regagnons notre voiture... décorée d'un joli petit bout de papier sur le pare-brise. Eh oui, y'avait un parkmètre ! Ici, ils fleurissent tout autant que les espèces exotiques... Super !! Bon, pas bien grave, seulement 4.40 €.
Au retour, on passe par Ponta do Sol qui présente une marina inachevée complètement vide. Les travaux devaient s'achever en 2005 ! pourtant tout y est, la capitainerie, les pompes de gasoil, les ducs d'Albe (pieux)... Incroyable ! Mais d'où provient ce financement ? Dommage, on n'a pas eu la présence d'esprit de faire un cliché pour vous montrer la désolation du lieu... On vous avait dit, c'est une journée SANS !
La seule photo sera celle des bananes, c'est en effet presque l'unique souvenir marquant de cette journée. La région sud ouest est spectaculairement peuplée de bananiers au point que cela en devienne impressionnant !
Retour un peu compliqué par des routes parfois délicates à repérer à cause du relief, mais nous finissons par réintégrer nos pénates... Ouf ! Quelle journée... Quoique ! (mais chut ! Y'a des choses qu'on ne peut pas dire !!)

Mardi 2 octobre 2012



Départ, faux-départ, vrai départ ?
Presque de bonne heure l'ami F continue de ranger son sac de matelot.
Petit déjeuner à suivre et nous rencontrons Karine et Jérôme à la salle Wifi que nous sommes obligés de fréquenter. Contrairement à ce que nous annonçait Katia lors de notre arrivée, le Wifi du port n'est pas un foudre de guerre. Un petit port comme Vélas ou Vila do Porto propose des débits et de la puissance qui ne nécessite pas d'antenne additionnelle. Ici à Quinta do Lorde, coupure et faiblesse du signal sont communs.
Bref, à la salle info, nous apprenons leur départ l'après-midi pour Graciosa aux Canaries. Nous sommes déçus de ne pas avoir pris le temps de leur consacrer une soirée pour faire plus ample connaissance et leur parler des Açores que nous avons vraiment aimées, mais vous le savez déjà. Le blog et l'album photo leur montreront notre emballement en espérant avoir le plaisir de les retrouver un de ces jours aux Canaries.
Départ pour le marché de Funchal avec un petit crochet en voiture vers le parking de la pointe de São Lourenzo, histoire de montrer à F ce petit bout de désert.
Marché de Funchal un peu décevant :
le marché aux poissons est vraiment quelconque, enfin, pour des bretons que nous sommes. Il parait que le vendredi est le jour d'affluence, nous irons vérifier.
le marché aux fruits et légumes est plus intéressant avec des variétés que nous ignorions, différentes sortes de fruits de la passion, de maracuja, de bananes, de piments, d'épices. Hélas là encore sévit majoritairement le racolage que nous trouvons lassant voire énervant avec en plus pour les fleurs les tenues folkloriques des femmes ; bref tout pour le touriste y compris les prix prohibitifs.
Nous commençons à sentir nos estomacs un peu vides et l'on se dit qu'autour d'un marché, il y a toujours des petits estaminets où un grignotage est possible. Nous ne trouvons pas grand-chose hormis des restos à touristes où l'on se fait allumer évidemment. On remonte, trouve quelques placettes, resto, snack mais rien qui nous attire. Nous redescendons près des halles où une entrée discrète de resto nous avait vaguement inspirée. C'est vrai que c'est en sous-sol mais c'est un très bon restaurant d'habitués, excellent qualité-prix, des gens charmants parlant un peu français, même un peu plus qu'ils ne le disent. Les portions sont faites pour des forts des halles. F n'avait pas vu qu'il existait des demi-portions à moins que … non, ne soyez pas médisants, à moins qu'il pensait au repas qu'il n'allait pas faire ce soir. Il a pris des lulas cuisinées avec du chourizo et des feijoes. MJ et JA des roulés de viande farcis de fromage : moit bom ! Si vous passez par là, n'hésitez pas, Restaurante A Bica, au 17 rua Hospital Velho.
Bonnet typique local.
Nous quittons Funchal, direction Curral das Freiras ; des paysages grandioses, des gorges profondes, des à-pics vertigineux, n'est-ce pas JA. Heureusement qu'il n'est pas sensible quand il conduit, mais il n'aime guère s'approcher des rambardes bordant des précipices comme c'est le cas au Pico do Serrado.
Retour vers les banlieues de Funchal, São Roche et Monte pour que, avant son départ, F voit le Pico do Areeiro, le sommet de Madeira, départ d'une très belle rando (que nous espérons faire dans les prochains jours si météo...). En fait, nous avons surtout vu des nuages avec de rares et brèves éclaircies (notez que cela ne fait pas grand-chose) qui nous faisaient nous précipiter hors du bar munis de nos appareils photos. Une magnifique vallée encaissée au possible avec un relief aux couleurs ocre jaune et rouge! Cela doit être exceptionnel avec du soleil.
Vue imprenable !!!
Redescente vers l'aéroport par une route sinueuse (mais elles le sont toutes) et avec des pentes (pire que la rue Monte au Ciel, à Douarn pour les initiés !!). Nous arrivons presque une heure avant l'heure limite d'embarquement ; changement de tenue sur le parking pour F qui va retrouver les conditions sibériennes de Rennes (à 23h ici, il fait 24°. Heureusement pour lui, la montée au sommet avec une petite fraîcheur lui aura fait une transition. Nous tenons à ce qu'il soit en pleine forme et craignons les foudres de ces filles dans le cas contraire…).
François, tu n'as rien oublié au bateau ?
Non, non !
Tu as bien ton passeport ou ta carte d'identité ?
Tiens, je ne vois pas où j'ai bien pu la mettre, je l'ai toujours dans mon short avec ma carte Visa.
Bref, un aller retour au bateau en mode rallye et le François était au guichet de l'aéroport un quart d'heure avant le clôture des enregistrements. Un dernier signe sur les marches de la salle d'embarquement, retour au barco pour rattraper le retard du blog et pour une nuit bien méritée.

Lundi 1er octobre

Levada... et Funchal, la vieille !
F veut introduire des espèces exotiques en Bretagne
Lever comme prévu... Eh oui ! Et départ vers 10 h pour le col de Portela, où nous découvrons notre première levada, canal d'irrigation. Dans cette île de terre agricole, seulement un tiers de la superficie étant cultivable, les premiers colons y mirent le feu pour défricher puis cherchèrent à la domestiquer. Ils construisirent des milliers de terrasses qu'il fallut irriguer. Ces aqueducs de pierre ou de ciment pénètrent la roche, enjambent les abîmes, contournent les collines de façon impressionnante alimentant ainsi les parcelles les plus défavorisées. Bon nombre de randonnées comme celle-ci qui mène à Ribeiro Frio suivent leur circuit. On s'y engage quelque temps sur les escaliers qui s'enfoncent dans la forêt avant de faire demi-tour, faute de temps programmé pour un tel parcours aujourd'hui.
Porto da Cruz en bord de mer n'a rien d'exceptionnel. Après un petit tour dans le village et le long de la promenade, nous faisons une rapide visite à la fabrique de rhum, qui produit l'aguardente du pays à base de canne à sucre. Pique-nique rythmé par le fracas des vagues, sieste pour JA puis un café (bien cher... du rallongé pour 2 €!) au snack situé près de la piscine naturelle avant de reprendre la route pour Faial. Son fortim édifié au XVIIIe siècle pour tenir en respect les pirates aventureux impressionne à vrai dire peu, mais la vue y est belle.
On passe Santana pour filer vers Queimadas, point de départ de la randonnée de Caldeirao Verde au coeur de la forêt primaire située au pied de Pico Ruivo. Des gorges imposantes mais surtout une végétation luxuriante, dont de gigantesques rhododendrons malheureusement pas en fleurs à cette saison, borde le chemin de la levada. Nous prolongeons la balade pendant une bonne heure et demie puis il faudra se résoudre à faire volte-face une fois de plus, programme oblige. Et, la rando n'était pas vraiment à l'ordre du jour !
Retour à Santana, le plus joli village de Madeira, indique le guide vert. Il se remarque en effet par ses jolies petites chaumières dont certaines sont outrageusement mises en valeur pour les promeneurs touristes que nous sommes. Elles en perdent du coup tout leur charme... En prenant le temps de fouiner dans les rues de la ville, on en déniche toutefois de beaucoup plus authentiques, dont certaines bien délabrées d'ailleurs. Sinon, rien de particulier dans cette bourgade somme toute ordinaire.
Il est grand temps de se rendre à Funchal où nous nous sommes prévu une soirée découverte de la Zona Velha, vieille ville, à l'est de la capitale. On y trouve le téléphérique qui conduit à Monte, le musée d'Art contemporain dans la fortaleza de Sao Tiago qui abritait autrefois la colonie des premiers habitants de la première cité fondée par des Européens hors d'Europe depuis l'époque romaine.
Dans ce quartier très animé, les restaurants aux serveurs racoleurs sont légion. On ne peut pas faire un pas sans être interpellé. On répond gentiment au début puis de façon de plus en plus ironique, puis on laisse tomber !
En revanche, une belle surprise que de pouvoir admirer les portes peintes de la majorité des maisons du quartier ! Toutes plus spectaculaires, originales, drôles ou engagées les unes que les autres. On passe un bon moment à déambuler, à en faire des clichés tout en essayant de se dénicher un restaurant digne de ce nom qui ne soit pas un attrape-touriste ! Pas facile dans le secteur... Mais la chance nous sourit et renseignement pris auprès des clients eux-mêmes, le Venda da Donna Maria au 51 rua de Santa Maria serait de ceux-là. 
Le pliage qui a occupé F une partie de soirée et.. le lendemain
Et, on ne regrettera pas notre choix. Soirée bien agréable, accueil sympathique, assiettes copieuses, et mets délicieux. Nous nous régalons d'un trio de poissons, d'un espada (sabre) à la banane ou aux fruits exotiques, spécialités locales, le tout arrosé d'un bon vin de Madeira, le Barbusano, cuvée 2009, soigneusement sélectionné par F, un connaisseur comme vous savez !
Il fallait bien fêter dignement cette dernière soirée avant le départ de notre F préféré après ces quasi 3 semaines de cohabitation sur Manu Atea, non ? On rentre contents et repus dans notre marina fantôme où nous attend le gardien qui nous ouvrira les portes du pseudo-paradis de Quinta do Lorde où nous passerons une nuit nouvelle paisible, il n'y en effet pas âme qui vive sur les pontons !

Dimanche 30 septembre

Route vers l'Ouest de l'île
Matinée tranquille qui paraît bien courte à la Marina. Il faut dire que MJ la chipie ne daigne émerger qu'à 10h30 !! Les garçons ont été d'une discrétion parfaite jusqu'à ce que JA se décide tout de même à la réveiller en douceur... Quelques bricoles d'usage, un déjeuner fait des restes de filet mignon cuisiné pour la nav, et c'est parti pour un circuit découverte de l'Est de l'île.
On prend la route de montagne bordée de vendeurs de fruits et légumes et on en profite pour faire quelques achats. Puis c'est une halte à Camacha, bourgade située dans une zone boisée à 700 m d'altitude, soit disant réputée pour ses ateliers de vannerie dont on ne verra l'ombre d'un osier. On poursuit donc notre périple vers Santo Antonio da Serra à 800 m d'altitude, sur un plateau couvert de forêts d'eucalyptus et de pins, où de riches marchands ont édifié leurs résidences de villégiatures comme la fameuse famille Blandy, célèbre pour s'être attaché à reconstituer le vignoble dévasté par l'épidémie de 1852.
Et, il se trouve que ce dimanche-là a lieu une foire agricole et un marché sur une esplanade cachée derrière l'église . Alors on complète le ravitaillement en achetant notamment quelques mangues et avocats (qui se révéleront excellents !) produits sur place.
Enfin, demi-tour pour se diriger vers Funchal en fin d'après-midi, histoire de déambuler sur le site sans se faire harceler par les restaurateurs ou taxis... Atmosphère de fait paisible, aucune frénésie de quelque ordre que ce soit, ce qui nous permet de découvrir quelques monuments, comme le musée d'Art Sacré, ancien évêché, la Banque de Madeira, la Mairie bien sûr, jadis palais du comte de Carvalhal (18e) ou encore la statue de Zarco, un des trois découvreurs de l'île, sur la Praça do Municipio.
On descend ainsi jusqu'à la Marina où l'ambiance reste dédiée aux touristes ma foi nombreux sur Funchal, essentiellement français et allemands à en juger jusqu'à maintenant. Un pot rafraîchissant dans un petit estaminet, fréquenté par les hommes de quartier, amateurs de futebol (football) télévisé, visite apparemment fort appréciée du patron.

Retour sur Manu Atea pour un grignotage et un gros dodo de façon à démarrer assez tôt le lendemain (pas comme ce matin, hein MJ !). F donne le ton, motivé qu'il est pour en voir un maximum avant son départ imminent, ce sera réveil à 8h30.

lundi 1 octobre 2012

Samedi 29 septembre



Reprise de nos esprits.
La matinée est vite passée après une nuit où vagues et déferlantes ont continué à envahir l'esprit de certain.
JA plonge dans le port pour tenter de récupérer une housse de pouf envolé la veille au soir ; ce qu'il fait rapidement portant la conscience jusqu'à récupérer…les épingles à linge. Il en profite également pour faire une inspection de la coque et procéder à un petit carénage.
Nous prenons connaissance avec un couple et leurs trois enfants vivant en Corse et qui sont partis début août pour un périple d'un an autour de l'Atlantique sur un Bénéteau 50'. Nous l'aidons à changer leur bateau de place car un gros voilier est annoncé et il faut laisser de la place pour les manœuvres.
F passe plus d'une heure sur internet pour prendre un autre billet d'avion. C'est arrêté, il repart le mardi 2 octobre à 21h20 de l'aéroport de Funchal et devrait être de retour à Rennes dans l'après-midi du 3.
Déjeuner de frango (poulet) rôti acheté à Santa Maria avant notre départ.
Une bonne partie de l'après-midi sera occupée par le lavage du linge et à la recherche d'une location d'une voiture via internet.
Nous aurons aussi des nouvelles de deux des bateaux partis en même temps que nous de Santa Maria. Se dirigeant vers le sud du Portugal et navigant au près, Philippe et Nathalie ont dû se résoudre après 36 heures de galère à faire demi-tour et revenir à leur point de départ qui leur paraissait bien vide et triste. Ils nous ont appris également que le couple suisse Pascal et Christa avait fait de même pour se réfugier à Ponta Delgada (São Miguel). Qu'ils aient pris cette décision alors qu'ils naviguent depuis 14 ans en dit long sur les conditions qu'ils ont dû affronter ! Nous restons pour l'instant sans nouvelles des jeunes québécois Francis et Annick qui sont sur un plus petit bateau et ne  devraient pas toucher Porto Santo avant dimanche ou lundi. Les Rousse devraient être les premiers à informer tout le monde.
Nous quitterons la marina à 17H pour prendre un bus vers Funchal avec l'espoir de dégoter la voiture introuvable sur internet. Trajet mémorable, vitesse époustouflante par des petites routes de bord de mer avec des à-pics impressionnants. Nous hésitons à nous arrêter à l'aéroport où les loueurs se bousculent, mais confiant dans notre étoile, nous poursuivons jusqu'à la capitale où nous arrivons vers 18H15. Pas de location de voitures dans le centre. Nous avons beau accoster plusieurs personnes, il faut se rendre à l'évidence : nous n'aurons pas de voiture ce soir en restant ici, d'autant que nous sommes samedi et que tout ferme à 19H00. Nous regrettons déjà notre inorganisation.
Moi, moi et moi... à la sortie du restau !
Le temps de repousser nombre de rabatteurs pour les restaurants à touristes et de trouver l'arrêt de la navette vers l'aéroport, nous éconduisons plusieurs chauffeurs de taxi qui insistent pour nous y conduire, allant  jusqu'à nous relancer sous l'arrêt et nous suggérer pour certains que le bus ne passera pas. Quel changement de mentalité avec les Açores. Quelle pollution par le tourisme et le fric. Dix minutes avant l'horaire de passage de la navette, un énième chauffeur vient nous trouver et nous propose d'aller à l'aéroport… pour le prix de la navette. Marché conclu. Nous nous apercevrons rapidement que le chauffeur devait aller chercher quelqu'un à l'arrivée de l'avion et prenait ainsi 15 € de plus  au passage. De bonne guerre ! De plus, le chauffeur est sympa et conduit très bien, tout en écoutant la retransmission d'un match de football.
Les premiers prix annoncés pour une location à la semaine vont de 400 à 500€! Heureusement, nous dégotons un loueur qui a une Citroën C1 immédiatement disponible pour 175€ la semaine.
Direction Machico, sur la route de la marina. Sur place, on nous indique un resto vers le port "El Pescador" qui s'avèrera une bonne adresse. Les portions sont très (trop?) copieuses. Petite marche dans les ruelles de Machico après le dîner. Pas de quoi casser trois pattes à un canard ! Retour à la marina où nous faisons ouvrir notre propriété par le garde. La nuit se souviendra de nos excès gustatifs!

Vendredi 28 septembre (suite)



Marina fantôme !
Contact VHF avec la marina Quinta do Lorde, située dans la baïa d'Abra à l'extrême est de Madère qu'on nous a conseillé pour la qualité de ses services et sa tranquillité, afin d'annoncer notre arrivée et surtout préparer les amarres car, après ces trois jours dans notre shaker, nous sommes économes de manœuvres superflues…
La capitainerie nous prévient qu'elle envoie un bateau d'accueil à notre rencontre. Le "marineiro" nous invite à le suivre jusqu'à un ponton où nous attend un de ses collègues. 11h30, tous deux nous aident à l'amarrage et échangent quelques mots en français. Attention bien venue !
Inscription à la capitainerie dans la foulée. Nous avons l'impression de dégager une, ou plutôt des odeurs indéfinissables mais, daignez nous croire sur parole, suffisamment fortes et persistantes pour en être nous-mêmes incommodés (dixit F!...). Direction une bonne douche réparatrice sous laquelle nous nous prélassons.
Le ciel paraît déjà plus beau, le jour plus lumineux. Pot à la seule terrasse du seul café-restaurant du port.
Repas de chipirones confectionné encore par JA et SIESTE!
F n'arrive pas à dormir (il faut convenir que, lorsqu'il ne dormait pas dans le cockpit pendant la traversée, il somnolait souvent!). Il part donc à la découverte de la marina, laissant MJ et JA dans les bras de Morphée.
Incroyable, seuls une poignée d'ouvriers s'affaire dans une marina complètement vide où semblent errer quelques touristes.
Tous les bâtiments, immeubles et places sont construits dans le respect du style de l'île mais non encore livrés. Il ne manque rien, pas même l'église dont on ne sait pas si elle est factice ou vouée ultérieurement au culte. F profite de son exploration des lieux pour entrer dans plusieurs appartements encore ouverts. Curieuse impression de recherche de matériaux nobles, d'équipements de qualité alors que les finitions laissent beaucoup à désirer. La vue sur la baie et les îles Desertas est magnifique. Ce projet pharaonique a été créé de toute pièce au milieu d'un cap désertique et est sans doute destiné prioritairement à de riches touristes anglais ou allemands.
Les quelques bateaux séjournant dans le port renforcent l'idée du public visé : gros yachts, voiliers haut de gamme. On relève quelques immatriculations dans des paradis fiscaux…
Construction d'un complexe prétentieux à partir de fonds dont nous aimerions bien connaître l'origine mais qu'on pourrait facilement attribuer à quelque mafia si on avait l'esprit mal tourné; ce qui n'est pas notre genre. Ce domaine déjà sous surveillance électronique et gardé, entouré de hautes grilles ouvragées est le type même d'une opération immobilière dont le but serait le blanchiment d'argent. Nous n'en dirons pas plus pour d'évidentes questions de sécurité!
Nous avons l'impression de nous trouver dans le village de la série anglaise "le prisonnier", dans lequel deux mondes cohabitent, l'un recouvrant une activité de façade qui serait ici celle de la marina, et une autre cachant une activité secrète dont nous n'avons pas encore pu percer le secret.
Toutes ces supputations sont-elles les séquelles de la navigation agitée que nous venons de vivre, le fruit d'une imagination trop riche, ou proviennent-elles encore d'une perspicacité particulièrement aiguisée? Le mystère reste entier.
La fin d'après-midi est réservée au grand nettoyage de Manu Atea qui en avait grand besoin ainsi que des vêtements marins. Nous terminerons à la nuit tombante.  Dîner léger. Quelques mails pour s'inquiéter du sort des équipages côtoyés à Santa Maria, et coucher…au calme.

dimanche 30 septembre 2012

Vendredi 28 septembre

Délivrance
Après avoir largué le deuxième ris en fin de nuit, c'est au lever du jour qu'on affale la trinquette et envoie le génois. Le vent daigne en effet s'apaiser et se contenter d'osciller entre 25 et 30 nds puis même entre 20 et 22 nds. On en profite pour faire du cap et se positionner sur la partie gauche de l'entrée du chenal entre les îles de Porto Santo et Madère. Sait-on jamais, des fois que le vent accélère entre les îles, vaut mieux être au portant. 
Mac Gyver a résolu le problème informatique en installant une antenne GPS de secours et un adaptateur série USB qui nous ont permis de récupérer le positionnement GPS et l'AIS sur l'ordi.
La mer s'est transformée en forte houle. Nav du coup plus calme d'autant que nous sommes au grand largue pour la dernière ligne droite. Enfin un peu de répit. F va mieux, MJ en forme, veille au petit matin pour surveiller la route à l'arrivée sur Madère et JA, le guerrier, se repose. Petit déjeuner encore agité mais bénéfique surtout pour F qui ne rejette plus ce qu'il avale et accepte des tartines de confiture ! Y'a du beaucoup mieux.
Pendant toute la nav, notre Gégé préféré a fait le relais météo et nous a informés des dernières prévisions par VHF, comme il l'a fait aussi avec Takari, le bateau de Guy et Sylvie qui fait route vers Porto Santo. Merci à lui ! De plus, il a pris soin de s'inquiéter de l'état de notre équipage à chaque message... Qu'il est mignon !
Nous avons pensé très souvent pendant ces trois jours à Francis et Annick, les jeunes Québécois, partis sur leur bateau de 8 m et qui ont dû en baver pas mal avec ces conditions délicates. Nous attendons avec impatience de leurs nouvelles. Espérons qu'ils n'ont pas trop souffert !
Très forte houle à la Ponta São Lourenço, mais on a connu pire, cela n'émeut pas la troupe. On évite tout de même le raccourci de Boqueirao ! Inutile de faire les malins !

Jeudi 27 septembre


Ca file, ça vole, ça casse...
JA décide de prendre un deuxième ris et puis un peu plus tard d'enrouler le génois pour installer la trinquette, opération toujours délicate dans de telles conditions.
On se permet d'ouvrir un peu notre route de temps en temps sur les surventes pour calmer le jeu. Le bateau part alors au planing à 9/10 nds, voire à 12 nds. Ça cavale vers Madère ! On souhaiterait une nav plus cool mais faut tenir le choc. MJ va beaucoup mieux, elle se met à la cuisine le midi et le soir. F, fidèle à ses habitudes, admire la mer en délire depuis son balcon jusqu'au clair de lune et JA commence à donner quelques signes de fatigue bien compréhensibles et se sent quelque peu secoué.
Les conditions ne changent pas, voire se durcissent dans l'après-midi à tel point que sur une vague un peu plus forte que les autres la vitre du four explose. Les débris resteront ainsi répandus jusqu'à l'arrivée. Ce n'est pas vraiment le moment de penser à faire le ménage ! Puis, c'est un bocal de sucre qui traverse le carré... Ne parlons pas du saladier de fruits qui atterrit et quelques bricoles. Un vrai champ de bataille qui restera en l'état. Les nuits se suivent et se ressemblent, toujours musclées. Celle-ci accompagnée de deux cargos qu'il faut en plus surveiller à vue de Madère, surtout qu'il n'apparaissent plus sur la carte puisqu'on n'a plus de transmission de données sur Maxsea !! Toujours délicat à l'approche de la terre ! Tout va bien...

Mercredi 26 septembre

Dur, dur, de plus en plus ...
Que nenni ! Le lendemain, les conditions se durcissent. Après cette nuit agitée sur le plan digestif et marin, le vent se renforce, la mer s'amuse à se croiser, les surventes s'annoncent... Tout va bien, vous imaginez ! Le moral des troupes n'est pas au mieux mais on fait face et le skipper assure un max. Prise d'un ris dès le lendemain matin, une petite molle façon de parler, on le largue puis on le renvoie. MJ va un peu mieux et tient tranquillement allongée sur la bannette du carré. 
JA joue non seulement parfaitement son rôle  de chef de bord, s'occupe de la cambuse et fait même l'infirmier ! F passe une seconde nuit en terrasse à la belle étoile et à la veille. Mais JA ne dort que d'un œil et intervient dès que les risées s'affirment. 
On le sent préoccupé par la situation mais il garde son "calme légendaire". Le vent monte, monte, monte... jusqu'à plus de 30 nds de façon régulière. Sans parler d'un grain qui fait grimper l'anémomètre à 45 nds !! Sur une vague associée à une survente, même Nestor notre pilote pourtant préféré décroche et nous partons au lof. La mer est dure, heureusement Nestor n'a pas d'état d'âme et ne fatigue pas. Nous en revanche...
Un orage rôde dans les parages, à se demander même si ce n'est pas Nadine. Chacun y pense, mais personne n'en parle ! Bref, nuit à nouveau agitée avec un vent très fort et une succession de grains.

Mardi 25 septembre


Départ pour Madeira
Matinée consacrée à l'avitaillement et un pot en ville avec nos amis les Rousse ! MJ pour se préparer à la nav sans doute, et pour faire comme Gégé, commande un verre de vin blanc. Départ prévu pour Madère en début d'après-midi. Nous ne sommes pas moins de sept bateaux à prendre le départ pour le continent Portugais, Porto Santo ou Madère ! 
Les uns démarrent dès le matin, les autres vers midi et nous, nous partons après un déjeuner avec Marianne, l'animatrice Whale Watching de Thalassa rencontrée l'été dernier à Lajès do Pico. Elle est là sur le cata d'un ami mais a aussi une maison sur Santa Maria à Santo Espirito. Nous l'invitons à partager notre déjeuner, léger et digeste à souhait, de la saucisse du pays, arrosé d'un petit verre de vin rouge et conclu par un café bien serré. Tout ce qu'il ne faut pas faire avant un départ en mer.
Nous voilà enfin prêts vers 15 h. Les conditions prévues ? Du vent de secteur Nord, Nord-Est de force 13 à 15 nds puis 20/25 nds faiblissant 15 nds. De la mer ? JA craint les vagues annoncées à 2m20 puis 3m70 mais Gégé nous rassure : « Ça ne peut être que de la houle avant si peu de vent ! ». Tout le monde s'accorde à dire qu'il faut partir sinon on risque d''être bloqués là encore une bonne semaine... On part donc les derniers comme d'hab et une heure après Mora Mora !
Début de nav à peu près conforme aux prévisions, à ceci près qu'il y a d'entrée de jeu en moyenne 18,5 nds et une mer bien formée mais on est au largue serré, sous génois et GV haute. Un petit problème de pilote ou manip involontaire ? Résultat, départ à l'abattée et empannage sauvage. Merci au frein de bôme !
En soirée, F et MJ commencent à donner des signes de faiblesse, voire de vomissements... Ils ne quittent pas le cockpit et passent de la banquette au pouf, tout près du seau. Ce petit jeu s'éternise toute la nuit surtout pour MJ qui est au plus mal jusqu'à 5 h du mat. F ne peut mettre un pied dans le carré, réaction immédiate de son métabolisme qui ne supporte pas ce mouvement !! Il faut avouer à leur décharge que les conditions de vent et de mer sont pour le moins assez difficiles, les vagues bien marquées, car il s'agit bien de vagues et non de houle ! Mais on espère une amélioration... et de l'équipage et de la mer !