Mercredi 9 juillet

 Départ pour Deshaies

Le lendemain matin, Christophe nous annonce que le virement en paiement du remorquage a été fait et qu'ils sont enfin libres pour partir. Ils décident de quitter cette île maudite (pour eux !) le matin même.

Nous les rejoignons à Falmouth et partons vers 10h45. Nous larguons Supertramp et son skipper seul à bord comme prévu... Il a prévenu le Cross de son départ.

 Nous le suivons de près mais nous nous prenons au passage un banc de sable. On a bien cru que ce serait Supertramp qui devrait venir à notre rescousse ! Bravo...

GV à 2 ris et génois, nous le suivons de près. 20 à 23 nds de vent vrai, nous avançons à 6 ou 7 nds. Puis nous décidons de ralentir pour ne pas le perdre de vue. On affale le génois et patientons le temps de lui laisser prendre de la distance puis installons la trinquette. 

A priori tout va bien, nous sommes en relation VHF en permanence. Sur la fin de la nav à 1h de l'arrivée, en accord avec Christophe, nous décidons de poursuivre devant pour prendre le mouillage de Deshaies et préparer la prise de coffre de Supertramp. Son ETA est à 40 mn de la nôtre...

Une fois sur place, nous tentons de le joindre sur VHF. Pas de réponse.

A 18h30, il nous appelle avec sa VHF de secours pour nous apprendre qu'il a abandonné Supertramp suite à une importante voie d'eau. Plus d'électricité, plus de communications, les planchers flottent. Il est dans son annexe et dérive à 1 mille environ de son bateau.

Nous quittons le mouillage dans la minute. La nuit tombe, nous rejoignons Supertramp qui a déjà perdu 20 cm de franc-bord. Nous avons entre temps prévenu le cross et sommes en communication permanente avec eux. Nous laissons là le bateau, l'urgence est de retrouver Christophe. 

On ne le voit pas puis on distingue sa survie rouge sur l'eau mais il n'y est pas. Nous le repérons ensuite grâce à sa balise AIS. Nous l'embarquons et nous dirigeons vers Supertramp pour tenter de le remorquer avec Manu Atea comme nous le conseille d'ailleurs le cross qui n'a aucune solution rapide à nous proposer, les secours viennent en effet des Saintes et il leur faut 3 à 4 h pour être sur zone. Il sera trop tard ! 

Nous tentons de le remorquer pendant une heure mais impossible ! Les deux bateaux dérivent vers le nord en fait...

Décision est prise de renoncer. Supertramp n'a déjà plus que 20 à 30 cm de franc-bord, il aura coulé dans une heure ou deux. Le cauchemar !

Nous regagnons le mouillage et passons tous la nuit à bord de Manu Atea après avoir chargé tous les paquets que Christophe a réussi à sauver du naufrage. Bien peu par rapport à tout ce qu'ils ont perdu bien sûr...